Le Cap, de notre correspondante.
De son lit d'hôpital, John Osborn a clairement résumé le malaise actuel du Zimbabwe: «Les hommes qui nous ont enlevés et battus ce week-end voulaient savoir si nous soutenions l'opposition. A aucun moment ils ne nous ont parlé de redistribution des terres», a expliqué lundi ce fermier blanc au visage tuméfié. Samedi, John Osborne et quatre autres fermiers blancs ont été enlevés, séquestrés et battus, alors qu'ils tentaient de porter secours à David Stevens, le fermier qui sera finalement assassiné peu après par des anciens combattants de la guerre d'indépendance installés sur les terres aux mains des Blancs dans la région de Marondera, à l'ouest du pays. Depuis la fin février, plus d'un millier de fermes ont été envahies avec le soutien actif du président Robert Mugabe, au pouvoir depuis vingt ans.
Des occupations au départ pacifiques. «Les Zimbabwéens veulent posséder la terre du Zimbabwe, de même que les Britanniques possèdent la terre en Grande-Bretagne», a expliqué le chef de l'Etat la semaine dernière. Mais les violences de ce week-end ont une fois de plus démasqué la fiction d'occupations «spontanées» au nom d'une trop tardive réforme agraire. «Toute cette histoire n'a rien à voir avec la terre, c'est de la politique», a confirmé John Osborne.
Véritable cible de cette pseudo-révolution paysanne, l'opposition zimbabwéenne a elle aussi fait les frais d'un week-end particulièrement meurtrier: deux membres du Mouvement pour le changement démo