Tiszasüly, envoyée spéciale.
L'eau est un mal qui ne fait pas de bruit. Dans les cours des maisons nichées en contrebas de la rivière Tisza, elle suinte dans les rigoles, imbibe les jardins et file sur l'asphalte. Il s'en faut d'un cheveu que le village de Tiszasüly, à une centaine de kilomètres au sud-est de Budapest, soit inondé. Du haut du talus dominant le bourg, les eaux immobiles menacent. La Tisza, deuxième cours d'eau du pays après le Danube, n'a pas connu de telle crue entre 10 et 11 mètres depuis cinq cents ans. En contrebas, les 2 000 habitants résistent à l'envahisseur. Jour et nuit, tous les bras du village ont surélevé le talus avec de la terre, des bâches et des sacs de sable pour endiguer l'eau. La crue a culminé il y a deux jours à 10,82 m et le niveau reste étale il n'empêche, l'effort se poursuit sous la chaleur de l'été précoce.
Dégoulinant de sueur. Dans la grand-rue, un bus débarque des bénévoles venus des alentours, au milieu d'un ballet incessant de camions et de tracteurs bourrés de sacs. Plus loin, une centaine de militaires dégoulinant de sueur s'attaquent à renforcer le bas du remblai, empilant les sacs de sable sur une hauteur de 1,50 mètre. «Faut pas se relâcher, c'est le moment le plus dangereux. Voyez ces talus gorgés d'eau, ils risquent de s'affaisser lorsque le niveau baissera», opine Ferenc Szabo, riverain de Tiszasüly. C'est précisément ce qui avait provoqué les inondations catastrophiques en Allemagne l'an dernier.
L'état d'urgence, d