Quand tout semblait lui réussir, ses camarades l'appelaient avec un
mélange d'ironie et d'admiration «Leader Massimo» (le leader suprême). Si Massimo D'Alema, 51ans, irrite souvent par une réserve qui passe pour de l'arrogance, beaucoup, à gauche comme à droite, notamment au sein du patronat, ont longtemps salué son intelligence politique. Elle lui a permis de devenir le premier dirigeant ex-communiste à présider l'exécutif d'un pays occidental, réalisant le vieux rêve des militants d'un parti où il fit toute sa carrière.
Consécration. «Pionnier» dans ses tendres années, puis dirigeant des jeunesses communistes, ce fils d'un général de la Résistance s'était engagé aux côtés d'Achille Occhetto pour transformer après 1989 le plus important parti communiste d'Occident en une formation sociale-démocrate en rupture avec le marxisme. Puis il devint secrétaire général et accentua encore la mutation de l'ex-PCI. Européen convaincu et polyglotte, moderniste dans le discours, l'ancien élève de la prestigieuse école normale de Pise séduisait aussi bien Tony Blair que Lionel Jospin. La consécration fut le sommet de la «troisième voie» entre socialisme et libéralisme organisé à Florence, en novembre 1999, pour lequel même Bill Clinton fit le déplacement. Avec ses concitoyens, en revanche, le courant n'est jamais vraiment passé. Homme d'appareil avant tout et fin manoeuvrier, D'Alema n'a pas réussi à convaincre comme président du Conseil pendant 547 jours à la tête de deux gouvernements