Moscou, de notre correspondante.
Les parlementaires russes ne peuvent décidément rien refuser à Vladimir Poutine. Cinq jours après la ratification par les députés du traité de désarmement nucléaire Start II, les sénateurs ont accepté, hier, d'entériner le limogeage du procureur général Iouri Skouratov auquel ils s'opposaient jusqu'ici.
Refus. Auparavant, les membres du Conseil de la Fédération avaient à trois reprises rejeté la demande de Boris Eltsine, alors chef de l'Etat, d'avaliser la mise à l'écart de Skouratov. La Chambre haute du Parlement, qui regroupe les élus régionaux, voulait ainsi manifester son indépendance à l'égard d'un président de plus en plus impopulaire. Hier, à la demande de Poutine, les sénateurs ont voté quasiment comme un seul homme en faveur du départ du procureur: 133 voix pour, 10 contre et 6 abstentions.
Enquêtes. Skouratov, suspendu en février 1999, semblait lui-même fatigué de la controverse. A l'issue du vote, il a assuré qu'il se plierait à la décision, réitérant toutefois ses accusations contre «le groupe de criminels qui continuent de figurer dans l'entourage présidentiel». Le procureur général avait été évincé après avoir lancé plusieurs enquêtes anticorruption gênantes pour le Kremlin, en particulier l'affaire Mabetex, cette firme de construction soupçonnée d'avoir versé des pots-de-vin à des proches d'Eltsine afin d'obtenir de juteux marchés de rénovation (ceux du Kremlin, de la Maison Blanche, etc.).
Immunité. Poutine, dont le premier geste