Bruxelles, de notre correspondant.
Le dernier conflit frontalier opposant deux pays de l'Union européenne a trouvé un début d'apaisement, hier, à Bruxelles. Sans régler leur querelle de souveraineté sur le rocher de Gibraltar, l'Espagne et le Royaume-Uni sont parvenus à un subtil arrangement qui a surtout pour but de permettre aux Quinze d'adopter une série de textes européens bloqués jusque-là par Madrid. Les deux capitales se sont ainsi mises d'accord sur le statut administratif de ce rocher espagnol de 6 km2 dépendant de la couronne britannique et que Madrid entend bien récupérer. Certes, les deux pays s'opposent toujours sur l'avenir de cette colonie dotée d'une large autonomie: l'accord de Bruxelles «ne concerne aucun des aspects de la souveraineté», a tenu à préciser Abel Matutes, le ministre espagnol des Affaires étrangères. La procédure tout comme la très grande discrétion observée par les deux gouvernements sur le résultat d'un an de pourparlers souligne d'ailleurs qu'il ne s'agit que d'un accord à objet limité. Les négociations ont eu lieu à Bruxelles entre les représentants permanents (ambassadeurs) des deux pays auprès de l'UE, et le texte du compromis a été transmis à Javier Solana, en sa qualité de secrétaire général du Conseil des ministres.
Madrid a toujours été chatouilleux sur la question de Gibraltar: l'Espagne n'a pas hésité à poser son veto à tous les textes européens qui auraient pu avoir comme effet, même indirect, de reconnaître l'existence de sa fr