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Libération

Des eurodéputés proposent de sanctionner la Tunisie. A l'issue d'une mission, certains réclament un gel de l'accord entre l'UE et le régime de Ben Ali.

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par José GARÇON et Joëlle BASSOUL
publié le 21 avril 2000 à 23h54

«Mieux vaut disparaître quand on n'a plus un minimum de dignité et

de citoyenneté.» Taoufik ben Brik a décidé de mener sa grève de la faim jusqu'«au bout», fût-il fatal. Journaliste, correspondant à Tunis de la Croix et membre d'une ONG tunisienne pour les libertés, Ben Brik est passible de six ans de prison pour avoir publié deux articles «de nature à troubler l'ordre public». Le 3 avril dernier, il arrête de s'alimenter par une «action symbolique» qui s'est transformée en «épreuve de force», comme l'a qualifiée Robert Ménard, directeur de Reporters sans frontières, au cours d'une conférence de presse tenue hier au siège de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH).

Malade. Aujourd'hui, Ben Brik a perdu 14 kg et souffre de problèmes de foie, de reins et de coeur. Les médecins demandent son hospitalisation. Il refuse. «Je tiens le coup», affirme-t-il au téléphone d'une voix affaiblie, s'animant pour dénoncer la répression des libertés et l'autoritarisme du régime. Pourquoi cette ténacité? «Pour une raison des plus simples: récupérer son passeport», explique Ménard. Privé de document de voyage depuis avril 1999, Ben Brik est officiellement confiné au territoire tunisien. Considéré comme un «ami de la Tunisie» et candidat socialiste à la mairie de Paris, Bertrand Delanoë a fait savoir hier qu'il venait de discuter de ce cas «fermement et nettement» avec les dirigeants tunisiens.

«Prison sans barreaux». C'est dans ce contexte qu'une délégation de huit pa