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Libération

Kagame, seul maître à Kigali.

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Le chef du Front patriotique rwandais devient Président.
publié le 24 avril 2000 à 23h52

Boudée par la plupart des chefs d’Etat de la région, l’investiture samedi du général Paul Kagame comme premier président tutsi de la République rwandaise depuis la «révolution hutue» de 1959 a enterré un mythe, celui d’un Kagame, génie tutélaire et secret, veillant à l’unité nationale du Rwanda par-delà les clivages ethniques. Vice-président et ministre de la Défense depuis la victoire de ses troupes du Front patriotique rwandais (FPR) en 1994, Paul Kagame régnait discrètement en s’abritant derrière Pasteur Bizimungu, président hutu aux pouvoirs limités. Ensemble, ils constituaient une paire idéale, incarnant le rêve d’un «Rwanda de tous les Rwandais» débarrassé de ses démons ethniques.

Fuite en avant. D'ailleurs Kagame, convaincu d'être investi, seul parmi ses pairs, de la mission de réconcilier le Rwanda avec lui-même, avait rêvé mieux que ce plébiscite maladroit, jeudi dernier, par un Parlement aux ordres et purgé de toutes ses composantes contestataires au cours des derniers mois. Il aurait préféré organiser soigneusement l'élection présidentielle, programmée pour 2003, afin d'y être adoubé par le suffrage universel. Son accession anticipée à la tête de l'Etat, en réalité, est le fruit de la fuite en avant d'un système politique obligé d'exclure pour se protéger.

Courant 1999, l'essentiel des membres hutus du gouvernement, dont Pierre-Célestin Rwigema, le Premier ministre, ont été poussés à la démission. Depuis janvier, c'est au tour d'une partie des Tutsis de faire