Menu
Libération

L'indulgence des évêques pour Haider. En Autriche, seuls les protestants se prononcent contre l'extrême droite.

Article réservé aux abonnés
publié le 24 avril 2000 à 23h51

Vienne, de notre correspondant.

Depuis deux mois et demi la toute-puissante Eglise catholique autrichienne s'est faite très discrète. Alors qu'un parti aux idées xénophobes est au pouvoir dans le pays, et que l'Europe entière s'en est indignée, les responsables de cette communauté religieuse forte de quelque 6 millions d'âmes (sur une population de 8 millions d'habitants) ne se sont jusqu'ici fait remarquer que par leur silence. La semaine dernière s'est achevée la conférence épiscopale annuelle, réunissant tous les évêques d'Autriche. De quoi y a-t-on débattu? De la distance toujours plus grande dans une «société postmoderne» entre l'Eglise et les fidèles, et de la nécessité de «regagner la confiance» des hommes.

«Désarmement des mots». Devant la presse, le cardinal Christoph Schönborn, chef de cette conférence, s'est tout de même permis quelques mots sur la situation politique du pays, où conservateurs et extrême droite ont fait alliance. Dans un discours étonnamment calqué sur ceux que le chancelier conservateur Wolfgang Schüssel rabâche depuis des semaines, il s'est élevé contre «les jugements indifférenciés et aussi injustes envers l'Autriche et ses habitants», et a condamné les sanctions européennes contre la coalition viennoise, parce que «touchant tous les hommes sans distinction». Dans cette situation de crise «provoquée par la réaction des Quatorze (de l'Union européenne, ndlr)», la priorité réside en un «désarmement des mots», et en l'instauration d'un «dialogue» en