Harare, envoyée spéciale.
Pour Dora, c'est la mort de Martin Olds qui a servi de déclic. «Quand Martin est mort, j'ai compris soudain que nous étions désormais en guerre au Zimbabwe. La question de la terre ne sert même plus de prétexte.» Dora est une Zimbabwéenne blanche, originaire du sud du pays. La ferme de ses parents se situe à proximité de celle de Martin Olds, le second fermier blanc du pays à avoir été tué le 18 avril. «Mais la ferme de Martin n'a jamais été occupée. Personne ne s'intéressait à ses terres!», s'exclame Dora.
Car jusqu'à présent, la tension dans les campagnes du Zimbabwe a été officiellement attribuée aux anciens combattants de la guerre d'indépendance, censés avoir occupé les fermes aux mains des Blancs pour obtenir un plus juste partage de la terre. Un prétexte dont personne n'est réellement dupe désormais. L'enjeu du conflit n'est pas la terre mais le maintien au pouvoir de Robert Mugabe, inamovible président depuis l'indépendance, aujourd'hui confronté pour la première fois à une impopularité croissante. Au-delà des fermiers blancs, boucs émissaires faciles d'un pays qui hérite d'un long passé de divisions raciales, ce sont les populations rurales qu'on cherche à intimider avant la tenue d'élections législatives dont la date reste à préciser. «Le message est clair même pour les gens des villes, puisqu'au Zimbabwe tout le monde a de la famille à la campagne», note Chimunza, commerçant dans la capitale.
Opération commando. Dans le cas de Martin Olds, l