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Libération

GRAND ANGLE. Timor-Est à l'heure de la réconciliation. L'enquête sur les crimes indonésiens.

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publié le 25 avril 2000 à 23h49

Liquica, Dili, envoyé spécial

C'est une grande carte de la petite ville de Liquica, accrochée sur un mur du poste de police de l'ONU. Une bonne trentaine de gros points rouges plantés ici et là, reliés à de petits cartouches dans lesquels on lit, ici trois corps, là huit corps, là encore deux autres" Avec un feutre, un policier civil de l'ONU a inscrit en haut à gauche la macabre addition: 94 corps exhumés, auxquelles s'ajoutent 86 personnes disparues, présumées mortes.

«Au moins 200 personnes ont été massacrés ici par les miliciens ou l'armée indonésienne entre avril et septembre dernier, constate un responsable de l'enquête. Mais les fosses communes sont rares. Le plus souvent, deux ou trois personnes ont été ensevelies, par souci de discrétion sans doute. Nous avons été étonnés par les méthodes employées par les assassins pour cacher leur forfait: en creusant dans des lieux que la population nous avait indiqué, on a commencé par trouver des porcs enterrés. Mais ils ne nous ont pas eus aussi facilement: on a continué à creuser et là, on a trouvé les cadavres qu'on cherchait».

Le décompte des massacres est loin d'être achevé à Liquica, qui fut, entre autres, le théâtre en avril dernier du massacre de 61 personnes dans l'église du village par la milice et l'armée indonésienne. «Au fur et à mesure que les miliciens et leurs familles rentrent du Timor-ouest, les informations se multiplient, poursuit le responsable onusien. Tous assurent être innocents, mais beaucoup disent connai