Washington, de notre correspondant.
La fin de la guerre froide devait ouvrir la voie au désarmement nucléaire. L'espoir d'une abolition progressive des arsenaux avait été renforcé en 1995: 182 pays avaient renoncé à se doter de ce type d'armes, et les cinq qui en possèdent officiellement (1) avaient promis de s'en débarrasser progressivement. Pourtant, cinq ans après la reconduction illimitée du Traité de non-prolifération (TNP), le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a dû lancer lundi à New York un énième appel à «lutter contre la prolifération nucléaire», et mettre en garde, à l'ouverture de la réunion de bilan du TNP, contre «le risque d'une nouvelle course aux armements».
En réalité, la menace nucléaire n'a peut-être jamais été aussi grave qu'aujourd'hui. Il y a d'abord le fait que les quatre pays qui avaient refusé de signer le traité (Cuba, Israël, Inde et Pakistan) ne l'ont toujours pas fait. Trois d'entre eux possèdent des armes nucléaires. L'Inde et le Pakistan ont même procédé à des essais, pas plus tard qu'en 1998.
Etats hors la loi. Indiens et Pakistanais s'accusent mutuellement de menace stratégique. Ils affirment de plus qu'il est «injuste» que cinq puissances aient le droit d'avoir des armes nucléaires, alors que le reste du monde en est privé. Les Israéliens invoquent la menace que font peser sur eux leurs voisins. Iran et Irak au premier chef sont soupçonnés de poursuivre des programmes nucléaires, au nez et à la barbe de l'AIEA (Agence internati