Le Viêt-nam communiste s'apprête à fêter dimanche le 25e anniversaire de sa victoire contre le gouvernement du Sud-Viêt-nam soutenu par les Etats-Unis. Le conflit (1964-1975) s'est soldé par la mort de 1,1 million de Nord-Vietnamiens, 223 748 Sud-Vietnamiens et 60 000 Américains. Libération publie aujourd'hui le premier de trois articles sur le Viêt-nam actuel.
C'est une maison enfouie au fond d'une ruelle soigneusement gardée, un peu à l'écart de la marée de cyclomoteurs qui flue et reflue dans les rues d'Ho Chi Minh-Ville, l'ex-Saigon. Sur la porte, une plaque ternie par le temps indique: Dr Nguyen Dan Que, cabinet médical. Mais cela fait bien longtemps que ledit docteur n'exerce plus. Le petit homme aux yeux vifs a passé le plus clair des vingt dernières années dans les camps de rééducation du régime communiste. Nguyen Dan Que, 58 ans, est l'un des dissidents politiques les plus actifs au Viêt-nam. Seul Vietnamien à être membre d'Amnesty International, il a été condamné deux fois pour «tentative de renversement du régime». Il n'a été libéré qu'en septembre 1998 sous la pression internationale.
Le rebelle est loin d'être dompté. Autour d'un thé chinois, dans son salon décoré d'estampes, cet homme à l'allure presque timide dit sa révolte contre un régime «incompétent et corrompu, incapable de faire face aux défis du Viêt-nam d'aujourd'hui». «Jour et nuit, quatre membres de la police secrète contrôlent mes mouvements. Mais je ne céderai jamais, je continuerai mon travail malgr