Santiago, de notre correspondant.
Le palais de justice de Santiago a pris des airs de tribunal londonien. Les autorités locales ont choisi d'adopter la stratégie de la police anglaise, en délimitant deux espaces aux abords de ce bâtiment pour séparer partisans et opposants du sénateur à vie Augusto Pinochet. Des manifestants qui auront à coeur de se faire entendre dans les jours à venir, la cour d'appel de Santiago s'étant lancée hier dans l'examen de la demande de levée d'immunité parlementaire de l'ancien dictateur.
Le destin de Pinochet dépend donc une nouvelle fois de la justice. Mais il s'agit, cette fois, de celle de son pays. Apprenant sa libération le 2 mars dernier, sept avocats chiliens avaient immédiatement sollicité la levée de l'immunité juridique que lui procure son statut de sénateur à vie. Une requête a été transmise à la cour d'appel quelques jours après par le magistrat Juan Guzman, chargé d'enquêter sur plus de 90 plaintes déposées contre l'ancien dictateur. La demande des parties plaignantes ne s'appuie que sur la «Caravane de la mort», une opération de répression qui a entraîné l'élimination de plus de 70 opposants politiques peu après le coup d'Etat de 1973. «Nous avons choisi cette affaire, car il s'agit de celle dans laquelle il est le plus facile de démontrer les responsabilités d'Augusto Pinochet, explique l'avocat Eduardo Contreras. Notre demande porte sur 19 cas de disparition de prisonniers politiques, dont les corps n'ont jamais été retrouvés.»
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