Bangkok, de notre correspondant.
Torse nu, les yeux cernés, Stéphane Loisy porte sur son visage mangé par la barbe un air résigné. «Nous n'avons rien à boire depuis deux jours, rien à manger depuis hier. Nous avons tous des problèmes d'estomac», dit le Français assis avec les vingt autres otages retenus depuis une semaine par le groupe islamiste Abu Sayyaf, sur l'île de Jolo, dans le sud des Philippines. Ses pieds sont écorchés d'avoir marché sans chaussures dans la forêt pour rejoindre le camp.
Les otages trois Allemands, deux Français, deux Sud-Africains, deux Finlandais, une Libanaise, deux Philippines, neuf Malaisiens sont entassés dans une hutte de bambou, sous la garde de jeunes guérilleros armés de fusil d'assaut. L'un des otages un Finlandais souffrant d'un ulcère est allongé, l'air à peine conscient. Renate Juta, une Allemande, explose en sanglots en parlant face à la caméra. Le besoin le plus urgent est l'eau fraîche; tous souffrent de diarrhée.
Vivres. Ces images diffusées hier sur tous les écrans remontent à samedi. Elles ont été filmées par une journaliste philippine autorisée à pénétrer dans le camp des rebelles. Depuis, les conditions se sont encore détériorées. Abu Issa, un porte-parole d'Abu Sayyaf, a indiqué à une radio locale qu'une Sud-Africaine s'était effondrée «sans doute parce qu'elle a faim et qu'elle est fatiguée». Un médecin philippin, Nelsa Amin, est parti hier pour le repaire d'Abu Sayyaf avec onze boîtes de nourriture, de médicaments et de