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Libération

Une mère russe face aux mensonges de l'armée en Tchétchénie. Persuadée qu'on lui cache les circonstances de la mort de son fils, soldat en Tchétchénie, Nadiejda Katchourine a fait ouvrir une enquête.

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publié le 3 mai 2000 à 0h23

Rostov Veliki (Rostov le Grand), envoyée spéciale.

Tout petit déjà, Iouri Katchourine rêvait de porter l'uniforme. Le 15 décembre 1998, il part faire son service militaire avec enthousiasme. Le 15 septembre 1999, il est envoyé en Tchétchénie. Fin octobre, à une date indéterminée, il est tué. Depuis, sa mère Nadiejda se bat pour connaître les circonstances exactes de son décès. Officiellement, Iouri est mort dans l'explosion d'une grenade qu'il manipulait. Mais sa mère est convaincue qu'il s'agit d'un mensonge: «J'ai vu le cadavre de mon fils. Il est parfaitement reconnaissable. En explosant dans ses mains, la grenade aurait dû le déchiqueter. Mais il a une blessure au niveau du coeur.» Pour Nadiejda, il s'est passé quelque chose au sein de l'unité de transmission où Iouri avait été affecté. Aurait-il déchiffré un message qu'il n'aurait pas dû? Avec son franc-parler, se serait-il fait des ennemis chez les officiers? L'unité de Iouri étant secrète, Nadiejda ignore jusqu'au nom de la localité tchétchène où il était basé. La quête de Nadiejda Katchourine illustre le combat des mères face aux manquements d'une armée qui cache ses morts, dont la discipline s'est gravement détériorée ces dernières années et qui impose ses propres règles, loin des normes de la vie civile, à des conscrits enrôlés pour deux ans.

Chiffres officiels. Les pertes humaines sont l'un des sujets sensibles de la guerre en Tchétchénie. Pour le président Vladimir Poutine, l'opération est une «victoire» parce qu