Beyrouth, correspondance.
L'ordre des avocats de Beyrouth a observé une grève hier en signe de protestation contre l'agression dont a été victime le 23 avril un membre du barreau, Me Sélim Gharios, proche du courant «aouniste», hostile à la Syrie. Cette agression non élucidée fait suite à une vague d'arrestations subie, depuis la mi-avril, par les membres du Courant national libre (CNL) du général Michel Aoun, figure de l'opposition libanaise exilée en France depuis la Blitzkrieg du 13 octobre 1990 qui l'a chassé du pouvoir. La libération de huit des quatorze personnes arrêtées n'a que provisoirement apaisé les craintes de l'opposition face à ce que le CNL décrit comme une campagne de «perquisitions, interpellations, menaces téléphoniques, rafles nocturnes, chasse à l'homme».
Ces arrestations sont «arbitraires», selon l'un de leurs avocats, Me Nouhad Jabre. «L'affaire est politique. Ces jeunes réclament le départ des troupes syriennes du Liban, c'est tout. Mais ça, c'est interdit.» Le 17 avril, une manifestation de jeunes a repris les slogans du général Aoun contre «l'occupant syrien»: «Israël, Syrie, dehors.» La répression de cette manifestation avait fait quatorze blessés et entraîné la rafle.
«Erreur». Cet événement a divisé les rangs de la classe politique. Les rares partis, alliés de la Syrie, qui avaient soutenu les aounistes face aux atteintes aux libertés ont dû se désolidariser du mouvement. Certes, le retrait syrien est une constante du discours aouniste depuis dix a