Londres, envoyé spécial.
Apôtre de la troisième voie, Tony Blair avait oublié qu'il y avait parfois des virages à gauche imprévisibles. Faute de l'avoir anticipé, Ken Livingstone pourrait bien le négocier à sa place et se propulser en nouveau ténor de" l'opposition. Ce trublion de la «vieille» gauche du Parti travailliste devrait, sauf surprise, emporter la majorité des suffrages aujourd'hui et devenir pour quatre ans le premier maire élu de Londres. Une gifle pour le «New labour» du Premier ministre, qui avait lui-même initié l'élection au nom de la «réforme institutionnelle», de la «décentralisation» et de «la modernisation».
Indépendant. Livingstone, incarnation selon Blair de cette «gauche archéo» cantonnée dix-huit ans en marge du pouvoir, avait été écarté de la course à l'investiture. Exclu du parti, il s'est présenté en indépendant aux municipales, bien que Blair n'ait pas manqué de souligner que son éventuel succès serait «un désastre» pour les 7,2 millions de Londoniens. Mais l'opinion publique n'a guère apprécié les conditions peu démocratiques de sa mise à l'écart et l'autoritarisme du Premier ministre. Crédité de plus de 50% des suffrages, Livingstone devrait renvoyer dans les cordes le candidat officiel du 10, Downing Street, Frank Dobson. Cet ex-ministre de la Santé, entré à reculons dans une campagne dont il pressentait l'issue, pourrait pointer, à l'arrivée, en 3e ou 4e position, derrière le candidat conservateur, Steven Norris.
Une fois élu (pour les Londoniens