Jolo (Philippines), envoyé spécial.
Avec son islam plutôt détendu, ses plages enchanteresses et ses paisibles villages sur pilotis, l'île Jolo où 21 otages, dont 10 touristes étrangers, sont retenus depuis deux semaines par le groupe terroriste Abu Sayyaf ne donne pas l'impression d'être un bastion de la guérilla fondamentaliste.
Jolo abrite ses enfants rieurs, ses pittoresques bateaux de pêche et ses cahutes aux murs couverts de posters de mannequins en maillot de bain. Mais derrière cette façade rassurante, la tension est perceptible. Des soldats lourdement armés sillonnent les marchés de ce gros bourg désuet. Les routes cahoteuses bordées d'une jungle épaisse sont ponctuées de postes de contrôle. La seule façon de faire le tour de l'île est d'organiser un convoi militaire conduit par une automitrailleuse et suivie par un camion benne rempli de soldats armés de fusils d'assaut.
Les locaux le concèdent: Abu Sayyaf, qui se bat depuis près de dix ans pour soi-disant instaurer un Etat islamique dans le sud des Philippines, a gâché leur île. «Des meurtres, des enlèvements partout. Comment voulez-vous que les investisseurs étrangers soient intéressés?», s'indigne Soud Tan, l'ancien maire du chef-lieu. L'enlèvement le dimanche de Pâques, de 10 touristes et 11 employés de la station balnéaire malaisienne de Sipadan, n'est vu ici que comme le dernier épisode d'une longue chaîne d'actes criminels. «En 1994, ils ont enlevé une religieuse espagnole pendant vingt jours. En 1997, ils