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Libération

Ben Ali: la leçon de journalisme. Le cas Ben Brik? «J'aurais écrit cinq lignes», dit le président tunisien.

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publié le 6 mai 2000 à 0h34

Les Tunisiens ont vécu jeudi soir un grand moment de télévision. Le

président Zine Ben Ali, connu pour ne pas aimer les interviews, s'est transformé en intervieweur, interrogeant les patrons de presse privée tunisiens. Au centre du débat, l'affaire Taoufik Ben Brik. Si ce journaliste est en grève de la faim depuis le 23 avril, il a fallu attendre son départ, jeudi, pour Paris pour que le cas soit évoqué à la télévision. «Pourquoi les journalistes tunisiens n'ont-ils pas écrit sur cette affaire? Ce n'est pas sérieux», a demandé sans rire le chef de l'Etat. Un journaliste risque juste un commentaire sur la «chute des ventes de quotidiens nationaux en dix ans». Ben Ali comprend les lecteurs: «C'est normal, il y a une photo, partout la même, et partout les mêmes articles.» Un autre «patron» avance: «Les journalistes font de l'autocensure.» Là, Ben Ali ne comprend plus. «En Tunisie, on peut tout dire ["]. Peut-être avez-vous des mauvais journalistes. Augmentez-les de 20 dinars (100 F).» Quant à Ben Brik, privé de passeport et de téléphone comme la plupart des opposants, «où est le problème?», interroge le président. «Cette grève est banale. Il voulait un passeport? Il n'avait qu'à s'adresser au poste de police. Son téléphone? Il faut demander à la poste. Je ne suis pas postier.» Si la presse tunisienne n'en a pas fait assez, les médias français, eux, en ont trop fait. «C'est vraiment louche», mais «il y a des choses» que le Président «ne peut dire». «Des gouvernements étrangers v