Istanbul, intérim.
La désignation consensuelle du candidat Necdet Sezer, choisi hors du sérail de la politique par les chefs de la coalition et de l'opposition, n'avait pas manqué de susciter la grogne au sein de la «Grande Assemblée nationale de Turquie» (550 députés). Certains parlaient non sans mauvaise foi de «violation de la Constitution», promettant de réserver leur voix à l'un des dix autres prétendants issus de leurs rangs. Il a donc fallu trois tours de scrutin pour arriver à élire celui que Premier ministre Bülent Ecevit présentait comme le candidat «de la neutralité», apte à satisfaire «l'ensemble de la société».Necdet Sezer, juriste de formation, rompt effectivement avec une tradition: c'est le premier chef d'Etat turc à n'être ni politicien de carrière ni militaire.
Le droit, rien que le droit. Jamais élu que par ses pairs, le premier juge du pays est tout sauf un tribun: il répugne aux apparitions et allocutions publiques, déteste la politique politicienne, ne parle que «de ce qu'il connaît et quand c'est nécessaire», raconte l'un de ses collègues. Il a pourtant défrayé plusieurs fois la chronique, ces dernières années, bousculant quelques tabous: les manquements aux libertés d'opinion de la Constitution héritée du coup d'Etat militaire de 1980, les verdicts sans appel du Conseil militaire suprême (qui prononce chaque année plusieurs centaines d'expulsions), le mépris par la Turquie des conventions internationales ratifiées par Ankara, l'acharnement de certains p