Zamboanga, envoyé spécial.
Suant sous les projecteurs des caméras, le président philippin Joseph Estrada passe de lit en lit dans l'hôpital Général-Navarro de Zamboanga, une ville portuaire sur la côte ouest de Mindanao, l'île musulmane du sud des Philippines, pour réconforter des soldats blessés lors d'accrochages avec le groupe islamiste Abu Sayyaf. Pour l'occasion, «Erap» (c'est-à-dire «le pote» comme le surnomment les Philippins) a revêtu une tenue militaire couleur camouflage. Le Président se penche sur un soldat à la jambe fracturée par des éclats d'obus, lui pose la main sur l'épaule, puis lui glisse un chèque de 20 000 pesos (3 500 F) dans la main. Il accroche une médaille au pyjama d'un caporal blessé et le félicite de quelques phrases murmurées à l'oreille. Quelques instants plus tard, il adopte un ton résolument guerrier pour s'adresser à une brochette d'officiers locaux: «J'offre la paix à ceux qui veulent la paix, mais je promets la défaite à ceux qui veulent la guerre.»
«Cabinet de minuit». Tout le savoir-faire de cet ancien acteur de série B n'est pas de trop pour tenter de rétablir sa popularité qui a chuté ces derniers mois jusqu'à atteindre aujourd'hui à peine 20% de satisfaits, le taux le plus bas jamais enregistré par un président philippin. Deux ans après son élection triomphale à la tête de ce pays de 70 millions d'habitants, «Erap» fait face à une profonde crise de confiance. Les enlèvements à répétition et la résurgence du séparatisme musulman dans le