Une phrase de la tradition irlandaise résume l'importance du geste
que l'IRA vient de faire en direction du processus de paix: «Dieu nous a fait catholiques, le fusil nous a fait égaux.» Jamais personne, pas même les loyalistes les plus acharnés, n'a pu un instant croire au désarmement de l'IRA. Londres et Dublin aussi savent que, proposant de neutraliser un matériel dont elle reste propriétaire, l'IRA est allée aux frontières de ce que sa communauté peut admettre.
«Grand écart». Gerry Adams l'a rappelé hier d'une formule. Se félicitant de «l'effort» concédé par l'IRA, le président de Sinn Féin a qualifié la volonté républicaine de «grand écart» et de «geste douloureux». Car si, dès le milieu des années 80, les clandestins ont admis qu'aucune victoire militaire ne pouvait être remportée sur l'armée britannique, les principaux chefs de cette armée ont estimé qu'aucune défaite militaire durable ne pouvait être infligée à leur ennemi. Dès lors, adhérant à des slogans tel «le fusil dans une main, le bulletin de vote dans l'autre» et prenant le risque de la représentation démocratique, le Mouvement républicain s'est engagé vers le compromis. En face, après avoir nié tout contact officiel avec l'IRA, Londres et Dublin n'ont pu qu'accepter ses représentants politiques à la table des négociations. Mais toujours, et quelle que fut l'avancée des pourparlers, l'armement de l'IRA a cristallisé les méfiances.
Côté républicain, la devise est limpide: «Nous ne sommes pas vaincus. Notre arsen