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Vétérans médaillés au défilé de la victoire à Moscou. Le président Poutine a exalté l'esprit patriotique russe lors des célébrations de l'armistice du 9 mai 1945.

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publié le 10 mai 2000 à 0h29

Moscou, de notre correspondant.

Naguère, les défilés du 9 mai, jour de la victoire de 1945 (et non le 8, les Soviétiques ayant organisé à Berlin leur propre cérémonie de la capitulation allemande au lendemain de celle des Alliés), voyaient les dignitaires de l'empire soviétique toiser les défilés militaires du haut du mausolée de Lénine sur la place Rouge, en manteau et chapeau. C'est nu- tête et au pied dudit mausolée que le fraîchement intronisé président Vladimir Poutine a assisté hier, avec le regard de batracien aussi amorphe qu'imperturbable qui le caractérise, au défilé de la victoire (flanqué d'un Boris Eltsine quasi incognito derrière ses lunettes de soleil). Mais le ton de son discours puisait à grandes brassées dans un vocabulaire passé, aux accents volontiers patriotiques et militaires, s'adressant aux «camarades officiers», aux «camarades soldats et matelots». L'ancien officier du KGB qui affectionne les uniformes et l'ambiance de la caserne, et qui a longuement raconté les exploits de son père pendant la deuxième «grande guerre patriotique» (la première, c'était contre Napoléon) a évoqué, par exemple, le «coude à coude de la camaraderie de guerre». Un tel ton, qui pourrait paraître un peu anachronique en Europe occidentale, vibre encore dans bien des couches d'une population ayant durement souffert de la guerre: 27 millions de morts russes officiellement, mais on parle plus souvent de 20 millions, chiffre rond plus frappant et sans doute plus juste.

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