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Libération
Reportage

Sierra-leonais dans la terreur des rebelles. Des milliers de réfugiés fuient les zones tenues par le RUF.

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publié le 11 mai 2000 à 0h29

Freetown, envoyée spéciale.

Ils portent des seaux, des valises, des bidons en plastique, des sacs, des bassines. Derrière eux, le ciel nuageux assombrit les montagnes. Toute leur maigre fortune amassée à la hâte, enveloppée dans un baluchon, est là: sur leur tête. Même les enfants ont leur fardeau. Un homme tient son père par la main, le tire presque tandis que le vieillard clopine, s'appuyant sur sa canne. Des groupes de femmes, grand-mères, jeunes avec leur bébé au dos, suivent. Les visages ont l'air étonné et las. Julius, 21 ans, n'a rien emporté. «Je m'en vais pour sauver la seule chose que j'aie: ma vie.» Le long de la route qui va de Freetown, la capitale sierra-léonaise, à Hastings, à une vingtaine de kilomètres à l'est, cette troupe hagarde fuit les rebelles. Ils viennent de la bourgade de Waterloo par centaines, par milliers sans doute. Depuis deux jours, à pied ou entassés à s'étouffer dans des voitures ou des cars, agonisants. «Les soldats de notre armée nous ont dit de quitter l'endroit, raconte Bobby, parti hier matin avec sa femme et ses deux enfants. On a entendu des tirs de mitraillettes et de lance-grenades, on ne peut pas rester là à attendre que les gars du RUF nous descendent.» A Freetown, Bobby et sa famille iront s'entasser dans une pièce chez des parents. Etroit, mais moins que dans le camp de réfugiés où ils ont déjà passé un an pendant la guerre.

Panique des soldats de l'ONU. A Hastings, la cohorte traverse le check point de l'ONU. Les soldats jordan