Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik cessera aujourd'hui sa grève de la faim à Alger, où il se rend dans la matinée. «Je le ferai sur la tombe d'Ali Lapointe, ce proxénète de la Casbah, qui a tenu tête aux paras français pendant la bataille d'Alger et qui envoyait ses prostituées poser des bombes.» Mais sa conférence de presse hier à Paris, qui devait expliquer pourquoi il arrêtait son mouvement, a surtout servi à montrer pourquoi il l'avait commencé. Dans les salons de l'Assemblée nationale, sous l'égide du parti des Verts, «solidaire de Ben Brik qui est en train de déstabiliser le régime» de Zine Ben Ali, journalistes et parlementaires ont assisté à une confrontation entre les deux presses tunisiennes, celle du régime et l'autre.
Affaibli et fumant, Taoufik Ben Brik cligne des yeux sous les projecteurs. Il se lance. «Je vois là au fond de la pièce un homme qui a un bon sourire. Il est originaire du même village que moi. Je l'aime bien, c'est le fils de ma tante Zara. Mais, chez celui-là qui se dit journaliste tunisien, c'est le regard de Ben Ali que j'aperçois. Tu es du côté des forces du mal. Je te comprends, tu cherches ton gagne-pain. Mais j'aimerais que tu ne sois pas ici.» Dans la salle, le «bon sourire» s'est fait rictus sous la moustache de Abdeljaleh Messaoudi. En poste à Paris, il est à la fois le correspondant du journal la Presse de Tunisie et de l'ATCE (Agence de tourisme et de communication extérieure), l'organisme du régime «chargé» notamment de la presse