Lorsqu'il a embarqué à Tunis, la police a volé sa valise et battu son médecin. Autour de lui, l'organisation Reporters sans frontières tente de faire barrage. Lui écoute «les plaintes orgueilleuses de la Callas» dans son walkman tout en «chantant aux flics la seule musique qu'ils aiment: "Bandes de fils de pute, je reviendrai vous pisser dessus». En grève de la faim depuis un mois et après des négociations au plus haut niveau, le journaliste Taoufik Ben Brik, 39 ans, a atterri à Paris la semaine dernière. A l'aéroport Charles-de-Gaulle, face au rideau des caméras qui l'accueille comme la première vedette tunisienne depuis des lustres, il cherche des yeux la seule personne qu'il espère: l'actrice Fanny Ardant. Nadjet, soeur de Taoufik, a passé sa journée à tenter, en vain, de la contacter. On interroge le journaliste sur Zine Ben Ali, le président tunisien, «ce vampire, ce cannibale». Mais voilà Ben Brik qui se met à incendier Chirac, délirer sur la France, «le vin, les grands plats de rognons». Au bout d'une semaine à Paris, RSF lui a conseillé de «savoir arrêter une grève de la faim». Certains de ses amis à Tunis trouvent qu'il s'est mis à débloquer. Trop de déclarations, trop de spectacle. Trop de Taoufik et Taoufik est trop. Hier matin, le journaliste envisage de rejoindre Alger où il arrêterait son mouvement. «Les spectateurs en ont marre de ce feuilleton. Même mes supporters ont décroché. Si la presse finit par se retourner contre moi, c'est encore plus formidable. Je n
Portrait
Déraison d'Etat
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par Florence AUBENAS
publié le 12 mai 2000 à 0h26
(mis à jour le 12 mai 2000 à 0h26)
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