Franklin (New Jersey), envoyé spécial.
Scotchée sur la caisse enregistreuse, la pancarte a des airs de mise en garde. «L'Histoire se souviendra de cette année, peut-on lire, pour la première fois une nation civilisée a adopté un contrôle total de ses armes. Nos rues seront plus sûres et notre police plus efficace.» Le texte est signé en lettres capitales: «Adolph Hitler, 1935». Et dessous, une note en forme de conclusion: «Souvenez-vous, seuls les nazis, les communistes et les dictateurs croient en ces niaiseries.»
«Né par les armes». «Clinton aurait pu prononcer ces mots», assure Keith Hugues, le propriétaire de Sports and Adventure, un magasin de chasse et de pêche perdu le long de la route 23, au nord du New Jersey, «et on sait comment tout cela s'est terminé». D'un geste, le jeune homme se retourne et montre les carabines et les fusils automatiques qui ornent le mur derrière son comptoir: «Ce pays est né par les armes et il continuera à vivre par les armes. Ceux qui pensent différemment ont tort et ils l'apprendront très vite.»
Ce week-end, Keith Hughes n'est pas allé manifester à Washington. Lui fait partie de l'autre Amérique, celle affiliée à la NRA (National Rifle Association), le puissant lobby qui se bat pour le droit au port d'armes. Et quand on lui parle de la «marche de millions de mères», il n'a qu'un mot: «c'est une honte. Ce ne sont pas les armes qui tuent, mais ceux qui les utilisent».
Gouvernement inapte. Pas encore la trentaine, une femme et un garçon de 14 m