Bruxelles (UE), de notre correspondant.
La relance de l'intégration européenne est, une nouvelle fois, venue d'Allemagne. Et avec quel brio! Joschka Fischer, le chef de la diplomatie allemande, n'a pas hésité à renouer avec l'esprit des pères fondateurs de l'Union, cinquante ans presque jour pour jour après la déclaration de Robert Schumann, en appelant, vendredi dernier, à la création d'une «Fédération européenne» éventuellement en concluant un nouveau traité afin de ne pas dépendre du veto d'un ou de plusieurs pays (Libération du 13 mai). Les «euroréalistes», comme se qualifient eux-mêmes la plupart des dirigeants de l'Union, français en particulier, ont pris un coup de vieux, sans parler des eurosceptiques de tous pays qui, durant dix ans, ont empêché tout débat sur la finalité de l'Europe. Il faut se rappeler qu'en 1991, durant la négociation du traité de Maastricht, les Britanniques avaient réussi à faire supprimer toute référence à une future fédération, le «f word» comme l'avait baptisé ironiquement la presse anglaise approbatrice. Le refus des Danois de ratifier ce traité, en juin 1992, avait fini de décourager les plus ardents militants de la cause européenne. Depuis, la finalité de la construction européenne est devenue une question quasi taboue pour les politiques, seuls quelques anciennes gloires, tels Valery Giscard d'Estaing, Helmut Schmidt ou Jacques Delors, osant encore l'aborder.
Puissance politique. Mais ce silence, face à la perspective d'un élargissement