Près de quarante ans après l'assassinat de Patrice Lumumba dans
l'ex-Congo belge, le Brugeois Gérard Soete vient de révéler son secret: une nuit de janvier 1961, il fit disparaître à la scie et à l'acide le corps du martyr congolais après «s'être saoulé pour se donner du courage». Ces brutales confessions d'un ex-commissaire de police, chargé alors de mettre en place une «police nationale katangaise», s'inscrivent dans le réexamen par la Belgique de son passé colonial, dont les circonstances de l'assassinat de Patrice Lumumba, nationaliste intransigeant et figure emblématique des indépendances africaines.
Le livre de Ludo De Witte a ouvert la brèche l'année dernière. Archives en main, ce sociologue flamand remet en cause la version officielle, attribuant la mort de Lumumba à un règlement de comptes entre Congolais. «De A à Z, des Belges ont eu en main le cours des événements», affirme De Witte. Selon lui, le but de cette opération, sept mois après l'indépendance, était de maintenir le Congo sous influence occidentale. En pleine guerre froide, Lumumba est accusé d'être prosoviétique. La thèse de De Witte a connu un tel écho qu'une commission d'enquête parlementaire belge a commencé le 2 mai ses travaux pour éclaircir «l'implication éventuelle des responsables politiques».
Le film des événements est en voie d'être éclairci. Premier chef de gouvernement après l'indépendance, démis deux mois plus tard, Lumumba est emprisonné en septembre 1960. Transféré dans la province Katanga,