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Libération

Lamy pris en otage par les eurodéputés. Selon notre enquête, rien ne permet d'accuser l'ex-chef de cabinet de Delors.

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publié le 17 mai 2000 à 1h10

Quelques eurodéputés démocrates-chrétiens, tous membres de la

Commission de contrôle budgétaire (Cocobu) du Parlement de Strasbourg, font flèche de tout bois pour miner la Commission Prodi. Ils s'en prennent à celui qu'ils considèrent comme son maillon faible, Pascal Lamy, le commissaire chargé du Commerce. L'entreprise de déstabilisation s'est amplifiée depuis quelques jours, des élus allemands alimentant la presse de leur pays en «révélations» sur Lamy.

Ces eurodéputés ont opportunément déterré une vieille «affaire» remontant au temps où celui-ci était le chef de cabinet (janvier 1985-mai 1994) de Jacques Delors, alors président de l'exécutif européen. Ses «procureurs» ­ l'Allemande Gabriela Stauner, membre de la très conservatrice CSU bavaroise, et Dietmut Theato, présidente de la Cocobu (CDU, Allemagne) en tête ­ estiment qu'il a joué de son influence pour réduire illégalement une amende frappant une entreprise française, Fléchard, impliquée dans une obscure fraude à l'exportation, et ce, à la suite d'une intervention du gouvernement français alors dirigé par Edouard Balladur (Libération du 12 août 1999). Le problème est que cette affaire ne repose sur rien: aucun des documents que Libération a pu se procurer n'établit qu'il y ait eu un quelconque favoritisme ou une irrégularité grave commise au bénéfice de Fléchard.

Montagnes de beurre. Tout remonte à 1991: l'URSS affronte alors une grave crise alimentaire. La CEE décide de puiser dans les montagnes de beurre invendu afin