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Libération

Moscou invente «l'abus de la liberté de parole». Le ministère russe de l'Information envisage de déposer un projet de loi pour contrôler l'activité des médias.

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publié le 17 mai 2000 à 1h10

Moscou, de notre correspondant.

Il ne faut pas parler de censure. Ce vilain mot des temps soviétiques a disparu de la circulation. La presse russe est libre puisqu'on vous le dit, mais elle risque bientôt de déchanter en ne pouvant plus écrire tout ce qui lui chante. Il y a quelques jours, peu après l'impressionnant raid mené au siège du groupe Média-most (Libération du 12 mai) par des «spetnaz», forces spéciales de police masquées, le doigt sur la gâchette d'une pétoire dernier modèle, le chef du KGB avait juré ses grands dieux sur les chaînes de télé qu'il n'y avait là aucune atteinte au travail des journalistes de la chaîne de télévision, des journaux et radios du groupe, qu'ils pouvaient continuer à travailler librement. Hier, c'est le ministère russe de l'Information qui a pris le relais en entonnant l'habituel refrain: les intérêts de la Russie.

Ainsi donc, nous explique monsieur Youri Akinchine, porte-parole de ce ministère, «nous ne disposons pas actuellement de moyens d'influence sur les médias qui agissent contre l'intérêt de la Russie». C'est fâcheux. Prenant un exemple, on s'en doute au hasard, Akinchine a cité le cas de radio Svoboda, la radio de Babitski, laquelle a manifesté «une position hostile à la Russie dans la couverture de la guerre en Tchétchénie». Il faut comprendre par «hostile» toute position indépendante ou non conforme aux desiderata du pouvoir. Ainsi, depuis le début de la guerre en octobre dernier, tout journaliste allant en reportage côté tchétc