Freetown, envoyé spécial.
Si Kabba Sisy ne s'était pas levé à l'aube pour sa première prière, Foday Sankoh, le chef rebelle en Sierra Leone, n'aurait pas été arrêté hier matin. Sortant de sa baraque en tôle, le fervent musulman a croisé deux hommes dans un chemin montant à flanc de colline, à la sortie ouest de Freetown. «J'ai reconnu Sankoh, bien qu'il ait eu enveloppé sa tête d'une serviette de bain, raconte-t-il. Je lui ai parlé, ainsi qu'à son garde du corps. Ils cherchaient l'ambassade du Nigeria. Je crois qu'ils voulaient se rendre.» Kabba Sisy court réveiller l'un de ses voisins, un soldat, Mustapha Kamara dit «Scorpion». Un policier et deux civils se joignent à eux. Coupant à travers des zones de maraîchage, ils retrouvent Foday Sankoh à moins de cent mètres, devant sa propre résidence, mise à sac il y a neuf jours par des manifestants venus protester contre la relance de la guerre par les rebelles, la prise d'otages d'un demi-millier de Casques bleus à l'intérieur du pays.
Le 8 mai, à la suite d'un mouvement de foule et de jets de pierres, une fusillade a éclaté. Dix-neuf manifestants ont été abattus. Dans la confusion, Foday Sankoh réussit à s'éclipser au nez et à la barbe des 75 Casques bleus nigérians, qui lui ont été assignés par l'ONU comme gardes. Il ne s'enfuit pas loin. Il se cache dans une maison en construction, un chantier abandonné sur la colline, à quelques centaines de mètres seulement de sa résidence. Neuf jours d'attente lui ont dû être longs.
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