Le Liechtenstein traverse un moment unique. Depuis quelques jours,
ce petit territoire, réputé parmi les plus importants paradis fiscaux d'Europe, vit au rythme d'une vaste opération de police, qui a abouti à l'incarcération de sept personnes, soupçonnées de blanchiment d'argent, d'escroquerie et de malversations financières. Mercredi, deux cadres d'une société fiduciaire ont été arrêtés. Ils travaillaient pour le compte de Rudolf Ritter, placé en détention le week-end dernier, et frère du ministre de l'Economie, Michael Ritter. Autre personnalité de premier plan mise en cause, Gabriel Marxer, avocat et député du Parlement de Vaduz, la capitale, dont l'immunité a été levée par procédure d'urgence, pour permettre son interpellation. Deux autres avocats sont aussi soupçonnés dans cette instruction menée depuis cinq mois par un procureur autrichien Kurt Spitzer. En outre, la cinquantaine de policiers locaux mobilisée a perquisitionné dans les domiciles de plusieurs dirigeants de la Verwaltung und Privat Bank.
Un des principaux détonateurs de cette enquête est un rapport du BND les services secrets allemands dont des extraits ont été publiés fin 1999 par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Ce rapport présentait le pays comme une plaque tournante de l'argent sale, affirmant que plusieurs personnalités haut placées, dont certaines viennent d'être arrêtés, jouaient un rôle actif dans la «réalisation d'activités financières illégales pour le compte de criminels internationaux». L