A sept semaines du début de la France à la présidence de l'Union
européenne, le coup d'éclat du ministre allemand des Affaires étrangères est perçu comme l'intrusion d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Alors que l'Elysée et Matignon doutent déjà de pouvoir ciseler un délicat consensus à quinze sur la réforme des institutions européennes d'ici au sommet de Nice, en décembre, le plaidoyer fédéraliste de Fischer n'est pas loin d'apparaître comme le plus beau cadeau fait aux eurosceptiques de Grande-Bretagne et d'ailleurs.
Tout en saluant «l'ambitieuse» proposition de son homologue allemand, Hubert Védrine a pris soin de la reléguer au statut d'intéressante contribution à un débat prématuré. Car si Fischer s'inscrit, dit-il, «dans le long terme», l'horizon du ministre français se borne pour le moment aux six prochains mois et à la réussite de la Conférence intergouvernementale (CIG). «Notre rôle n'est pas de diviser, a expliqué Védrine. Nous devons aider à faire émerger la solution la plus ambitieuse possible, mais une solution vraiment consensuelle.» Si la France sautait dans le bateau fédéraliste de l'Allemand ce qui ne tente aucun de ses dirigeants actuels , autant saborder tout de suite la CIG" «Védrine est un peu emmerdé, car il pensait avoir dissuadé Fischer de faire ce discours maintenant», confirme un socialiste. Cambouis. Le Premier ministre n'est pas moins embarrassé, dont le discours, la semaine dernière à l'Assemblée nationale, insistait sur la nécessité