Strasbourg (UE), envoyés spéciaux.
L'eurodéputé souverainiste William Abitbol (France, Union pour l'Europe des Nations), proche de Charles Pasqua, en ronronne d'aise. En proposant une fédération européenne, Joschka Fischer confirme tous ses pronostics. La disparition prochaine des nations est enfin affichée et, selon lui, elle a été voulue par les marchés financiers, qui ont sciemment affaibli l'euro: «On va enfin constater qu'entre fédéralistes et souverainistes, il n'y a rien.» Sur le dernier point, François Bayrou et Marielle de Sarnez (UDF-Parti populaire européen) opinent. Le discours prononcé le 12 mai par le chef de la diplomatie allemande les a ravis. Comme lui, ils sont convaincus que l'Union ne survivra à son élargissement qu'en devenant une vraie fédération, même limitée à quelques pays.
«Un chat, un chat.» Dans les couloirs, dans les commissions, dans l'hémicycle du Parlement réuni cette semaine à Strasbourg, on ne parle que de ça: le débat européen est enfin relancé. «Une bouffée d'oxygène», respire Marie-Noëlle Lienemann (France, PSE). «Il y avait un tel blocage que l'initiative de Fisher est accueillie à la hauteur de la déception ambiante», note Daniel Cohn-Bendit (France, Vert). «Il est réjouissant qu'un homme d'une autre génération que celle des Jacques Delors, Valéry Giscard d'Estaing ou Helmut Schmidt prenne la relève», souligne le socialiste italien Giorgio Napolitano. «L'Europe appartient historiquement aux partis traditionnels. Là, c'est la nouvelle gau