Port-au-Prince, envoyé spécial.
Jusqu'au bout la violence a menacé, mais en vain: avec 17 mois de retard et trois reports successifs, les Haïtiens vont retrouver dimanche le chemin des urnes pour choisir députés, sénateurs, maires et élus territoriaux. Un rendez-vous qui ne fait visiblement pas l'affaire de tout le monde. Mercredi soir à Port-au-Prince, des inconnus ont lancé une grenade à fragmentation près du local du Conseil électoral provisoire (CEP), l'organisme en charge des opérations, faisant des dégâts et cinq blessés.
Cet épisode clôt une série d'assassinats à caractère politique qui ont fait quatorze morts en deux mois, le plus retentissant coûtant la vie, le 3 avril, à un journaliste de renom proche du gouvernement, Jean Dominique. Des actes de terrorisme toujours anonymes, jamais revendiqués et jamais punis. Le message de ces escadrons de la mort demeure indéchiffrable, mais il a pour effet d'empoisonner un peu plus les rancoeurs politiques.
Pour l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, ce sont les «perdants récalcitrants» qui ont pris le parti de la violence. Mais jeudi, à la radio, il a invité en créole tout le monde «à boire le sirop de la compréhension» pour «faire la paix dans le respect de chacun», et à participer à des «élections douces, libres», dans l'«ordre et la discipline».
Beaucoup restent persuadés que ces propos oecuméniques dissimulent les plus tortueux desseins. C'est l'ex-prêtre (le «curé des bidonvilles» a renoncé à ses voeux) qui, à leurs yeux,