Pékin, correspondance.
Le discours d'investiture de Chen Shui-bian ne présage rien de bon pour Lin Yee- sheng, un Taïwanais de souche qui dirige une usine de conditionnement de légumes d'une centaine d'employés dans la zone de développement économique de Tianjin, à 150 km de Pékin. «L'atmosphère est tendue, mais cela ne sert à rien d'être nerveux. Le discours ne changera en rien nos projets de travail, car il faut continuer à développer les affaires», lance le jeune patron taïwanais. Malgré plusieurs mois houleux dans les relations entre le régime communiste et l'île, les investisseurs taïwanais en Chine poursuivent la routine des affaires avec pragmatisme, tout en gardant un oeil inquiet sur le baromètre des relations entre Pékin et Taipei. Rares sont les signes encourageants comme l'ouverture de liens directs partiels entre Taiwan et la Chine continentale, décision votée par le parlement taïwanais dans la foulée des élections en mars, après une interdiction de 51 ans. «Aujourd'hui, il faut une longue journée pour se rendre à Taipei via Hong-Kong. Avec un Pékin-Taipei direct il suffit de quelques heures de porte à porte», lance-le patron taïwanais.
Pression. L'attitude de Pékin vis-à-vis des investisseurs taïwanais n'a jamais été aussi inquiétante. Tentant pour la première fois d'utiliser les hommes d'affaires comme levier de pression politique sur leur nouveau président, Pékin a ainsi élargi la cible de ses attaques verbales en menaçant d'interdire d'investissement les Taïwa