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Libération

Les affres des douaniers suisses. Ils sont agressés par des voyous attirés par le luxe genevois.

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publié le 22 mai 2000 à 0h55

Douane de Mon-Idée, près d'Annemasse (côté suisse), envoyé spécial.

Les douaniers suisses ont le blues. Effectifs insuffisants, salaires trop faibles, risques accrus, le moral n'y est plus. Depuis le début de l'année, le capitaine Thüler qui surveille 42 km de frontière franco-genevoise terrestre et 14 km de frontière lacustre voit ses effectifs fondre. «Dix de mes 150 hommes ont démissionné depuis janvier», déplore-t-il. Une pétition signée par 16 000 personnes demande l'embauche immédiate de 200 gardes-frontières supplémentaires pour toute la Suisse et une augmentation des salaires de 1 600 à 2 800 francs français par mois (les salaires sont en moyenne de 14 000 francs à l'embauche). Raison profonde de la grogne: la mutation du travail de douanier face à une frontière désormais plus sociale que géographique.

Le capitaine Thüler explique: «Nous sommes sur l'extrême frontière. C'est un peu le Far West ici. Comme avec les Indiens qui commettaient des rapines sur le territoire américain avant de se replier au Mexique. Les risques sont importants. En se réveillant le matin, pas l'un de mes hommes ne s'est posé une fois la question de savoir s'il ne serait pas agressé.» Pour les autorités genevoises, la situation est difficile à gérer: de facto, la frontière s'efface avec la France. Chaque jour, 28 000 frontaliers viennent travailler à Genève, des milliers de Suisses font leurs achats dans les hypermarchés français et vivent en France. Le long des dizaines de routes, le trafic est