La libération du chef religieux Abdessalam Yassine dynamisera-t-elle
le mouvement islamiste marocain dont on dit qu'il gagne du terrain? L'exercice d'équilibre auquel s'est livré, samedi, le chef de l'association Al-Adl Wa al-Ihssane (Justice et Bienfaisance) quatre jours après la levée de son assignation à résidence, montre la situation compliquée dans laquelle le place cet élargissement. Sa conférence de presse était loin du prêche enflammé qui suivit, en 1995, sa première libération, plus loin encore du discours contestant la monarchie qui lui valu d'être arrêté en 1989. Dénonçant «l'oppression» pesant sur son association qui est «toujours encerclée et dans [ses] cellules» (allusion à la dizaine de militants encore détenus), il a toutefois évité de partir en guerre contre le pouvoir. «Le Maroc n'est plus celui de 1995, a-t-il dit. Il change à grande vitesse, même si l'on ne sait pas dans quelle direction il va. Le pays fait un pas en avant, puis deux en arrière et le ministère de l'Intérieur reste puissant.»Et il a surtout insisté sur le caractère «non violent» de son groupe: «Le Maroc n'est pas l'Algérie dans laquelle il y a eu des carnages inhumains qui nous ont terrorisés.»
Dissensions. A 72 ans, la figure emblématique du mouvement islamiste résumait ainsi la stratégie de son organisation et" les difficultés que sa libération risque d'y créer. Cheikh Yassine doit tenir compte des récents avertissements du ministre de l'Intérieur et empêcher que sa «modération» obligée n