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Libération

Fidji: une île divisée par un putsch ethnique. Plusieurs ministres ont été libérés en échange de leur démission.

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publié le 23 mai 2000 à 0h53

Pacifique Sud, de notre correspondante.

«Nous ne mangeons pas les mêmes aliments, nous ne nous habillons pas de la même manière, nous ne sentons pas la même odeur"» C'est ainsi que George Speight, businessman aux affaires troubles, justifiait hier sa tentative de coup d'Etat aux îles Fidji où le racisme a, de nouveau, fait trébucher la démocratie dans cet archipel du Pacifique. Depuis vendredi dernier, George Speight garde en otage, au parlement de Suva, une vingtaine d'élus politiques dont le Premier ministre Mahendra Chaudry et des membres de son cabinet. Hier, quelques ministres ont craqué et renoncé à leur poste pour retrouver la liberté. La démission ou la vie, leur a dit George Speight, ce Robin des îles qui porte cravate et jupe, le sulu traditionnel des Mélanésiens dont il s'est fait le héros.

Dès 1878, les Indiens arrivent par milliers dans cette colonie britannique qui entend développer ses plantations de canne à sucre. Venue de Madras et de Calcutta, cette main-d'oeuvre est bon marché, soumise et dure au travail. Le billet de retour est gratuit après 10 ans de labeur" Alors, les Indiens restent aux Fidji où ils constituent aujourd'hui 43% de la population. En moins d'un siècle, ils quittent les champs de canne à sucre et prennent le contrôle de l'économie. Les Indiens font tourner la boutique et les Mélanésiens occupent les postes politiques. Ils vivent côte à côte, travaillent souvent ensemble mais ne se fréquentent guère. Ils ont tous un passeport fidjien, mais c