Bruxelles (UE), de notre correspondant.
On s'en doutait. Grâce à Joschka Fischer, c'est désormais une certitude: seuls les six pays fondateurs de l'Union européenne (Allemagne, France, Italie et Benelux) semblent encore avoir envie de poursuivre plus avant l'aventure communautaire. Et encore, à des degrés divers. Les autres pays membres ont décliné, plus ou moins ouvertement et plus ou moins hypocritement, l'invitation lancée par le chef de la diplomatie allemande de créer à terme une Fédération européenne. Autrement dit, même les onze Etats membres de l'Eurolande n'ont pas le sentiment de participer à une construction de type fédéral, ce qui éclaire les actuelles mésaventures de la monnaie unique sur le marché des changes.
Surtout, une large majorité des Quinze préfère clairement prendre le risque de la dilution impliqué par une Union à 28 membres plutôt que de donner naissance à une véritable puissance politique européenne. Même si Fischer a bien pris soin de préciser qu'il voulait dessiner une perspective à long terme, sa proposition pèse d'ores et déjà sur la Conférence intergouvernementale (CIG) qui doit réformer les institutions communautaires d'ici à la fin de l'année. Comme l'a expliqué, hier, à Bruxelles, le Français Hubert Védrine, à l'occasion d'un Conseil des ministres des Affaires étrangères, désormais, «il serait intenable de ne s'intéresser qu'à la CIG», même si ce rendez-vous reste essentiel dans l'immédiat pour permettre à l'Union de mieux fonctionner. En obli