«Imaginez qu'on vous donne un permis de conduire pour la vie, sans
risque de sanction" au bout de quelque temps, vous vous mettriez à conduire comme un chauffard», expliquait voilà quelques semaines le dissident chinois Wei Jingsheng aux congressmen américains qui l'avaient invité sur Capitol Hill. «Eh bien, poursuivait-il, si vous votez pour accorder le PNTR (le statut permanent de partenaire commercial normal, ndlr) au régime communiste chinois, cela reviendra à lui accorder un tel permis de conduire"» La Chambre des représentants américaine doit se prononcer aujourd'hui sur l'octroi de ce statut à la Chine. Un vote important puisque le PNTR est indispensable pour valider l'accord bilatéral d'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), conclu en novembre dernier. Marchandage. Wei Jingsheng, dont les auditions au Congrès sont devenues routinières, s'est efforcé de convaincre les membres de voter non. Il brosse le portrait d'une Chine communiste dangereuse qu'il compare à l'Allemagne nazie des années 30. En bref: un adversaire qui ne comprend que les rapports de force. Pour lui, Washington ne doit pas se départir de ce moyen de pression que constitue le renouvellement annuel des clauses commerciales américano-chinoises, les NTR («relations commerciales normales», qui s'appelaient voilà peu encore «statut de la nation la plus favorisée», ou MFN). Pékin, qui a vendu 82 milliards de dollars de produits aux Etats-Unis en 1999, est donc incité à modérer ses