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Libération

L'esclavage perdure en Mauritanie. Un rapport dénonce la persistance de la pratique dans les campagnes.

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publié le 24 mai 2000 à 0h50

A contre-courant du discours officiel, SOS Esclaves continue de

s'évertuer à poser le problème de l'esclavage en Mauritanie. L'organisation, qui n'est toujours pas reconnue par Nouakchott, a publié hier son quatrième rapport annuel sur l'esclavage, vingt ans après l'interdiction de cette pratique par ordonnance présidentielle. «Dans la campagne, particulièrement parmi les populations d'éleveurs nomades ou semi-nomades, les esclaves constituent encore l'essentiel, sans distinction de sexes, de la main-d'oeuvre pour le gardiennage, l'entretien des troupeaux, la corvée d'eau, la préparation des repas, écrivent les auteurs du rapport. Le seul moyen qu'ils ont d'échapper à cette vie est de s'enfuir le plus loin possible et disparaître dans les bidonvilles des grands centres urbains, ou se réfugier dans les adwabas, villages habités uniquement par les Haratines, ces anciens hommes serviles ayant été affranchis par le maître ou en rupture de ban.» Les Haratines, communauté composée des esclaves maures «libérés» et de leurs descendants, continuent d'être des citoyens de seconde zone, comme le montrent les témoignages recueillis par SOS Esclaves. On y lit l'histoire d'une veuve à qui un soi-disant maître vole l'héritage de son mari (un chameau et quelques chèvres), dans l'indifférence générale tant il est acquis qu'un «esclave» ne peut être légataire.

La sécheresse a donné une nouvelle vigueur à ces pratiques, qui en quelque sorte justifient captations d'héritage et expropriations de