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Libération

Deux coups de feu ébranlent la Tunisie. La tentative d'assassinat d'un journaliste, mardi, éclipse les municipales.

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publié le 26 mai 2000 à 0h47

Tunis, envoyée spéciale.

Il y a eu le roi du Maroc mercredi, il y aura des élections municipales dimanche. Mais c'est une tentative d'assassinat, classée «fait divers» par la presse tunisienne autorisée, qui fait changer le pays de couleur. «Deux coups de feu viennent de frapper le début d'une nouvelle pièce. Désormais, nous ne savons plus ce qui peut arriver chez nous», explique un avocat.

Ryad Ben Fadhel sort toujours très tôt de chez lui, à Carthage, banlieue huppée de Tunis. «Directeur d'entreprise», dit sa carte de visite, et c'est bien peu. Depuis l'université, il s'est totalement engagé dans la cause palestinienne. A la fin des années 80, il a lancé à Tunis une édition arabe du Monde diplomatique, accueillant quelques-uns de ces journalistes maudits, chassés de la presse officielle. Les affaires, il en fait depuis quelques années seulement. Dans ce monde ténébreux, où les sphères du pouvoir se partagent licences et marchés, personne ne lui a offert en cadeau sa société de communication. Sa marge de manoeuvre, il la doit à une incroyable capacité de travail et au fait que la majorité de ses contrats se négocie à l'étranger, avec par exemple de grosses boîtes, comme Coca-Cola. Ryad Ben Fadhel, la quarantaine, monte en voiture. Il va être 6 h 30 du matin.

Plutôt souriant. Partout, en ville, les rues sont pleines de banderoles pour les municipales de dimanche: «Tout ce qu'on a, c'est au président Ben Ali qu'on le doit». A la présidentielle d'octobre, son score a paru tomb