Caracas, correspondance.
«Coup de théâtre électoral», «putsch dans les urnes»: incompréhension et suspicion se mêlaient chez l'homme de la rue vendredi matin à Caracas, après la décision du Tribunal suprême de justice de suspendre, à quelques heures du scrutin, les élections générales prévues ce dimanche. Saisie par deux petites associations locales, Queremos elegir («Nous voulons choisir») et la Cofavic, une organisation de défense des victimes des émeutes de la faim de 1989, la plus haute instance juridique du pays a reconnu, dans ses attendus, l'impossibilité «d'organiser ces élections de façon transparente, eu égard à d'insolubles problèmes techniques non traités en temps voulu». En d'autres termes, le tribunal taxe d'incompétence le Conseil national électoral qui, à la veille du scrutin, n'avait même pas fait imprimer tous les bulletins de vote. Les retards étaient dénoncés depuis plusieurs mois par les observateurs internationaux. Ce report inattendu n'a pu avoir que l'aval du chef de l'Etat qui a fait nommer de façon discrétionnaire les magistrats du Tribunal suprême de justice.
Mais le président Hugo Chavez qui s'était battu bec et ongles pour le maintien du scrutin, où il est candidat à sa réélection contre un autre ex-lieutenant colonel et ex-putschiste comme lui, Francisco Arias Cardenas, sort incontestablement affaibli de cette suspension de dernière minute, qui jette un doute sur les capacités de ses collaborateurs.
Ces élections générales rendues nécessaires par