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Libération

Tunisie: le RCD verrouille les urnes.

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Le parti du président Ben Ali est quasiment seul en lice aux municipales.
publié le 29 mai 2000 à 0h46
(mis à jour le 29 mai 2000 à 0h46)

Bientôt, dans le bureau, c'est à peine si l'on verra l'ordinateur sous les reliefs du festin. «Les riches du parti paient le couscous aux pauvres du parti. Les élections sont toujours une fête au RCD», dit Amel, 19 ans, une secrétaire. C'est normal: en treize ans, le RCD n'a jamais perdu un seul scrutin. Aux précédentes municipales, il y a cinq ans, seules 6 villes sur 257 étaient revenues à d'autres partis. Cela ne devrait pas être très différent cette fois-ci. A Jammel, à 200 km de Tunis, le résultat est déjà dans l'urne. Comme dans plus de 75% du pays, il n'y a qu'une seule liste: celle du RCD. «C'est parce que tout le monde est RCD en Tunisie», explique Amel. Parfois, certains ont tendance à l'oublier. Alors, les jours de vote, vers 14 heures, les responsables locaux du parti pointent sur les listes électorales ceux de leurs membres qui ne sont pas venus. «Et on leur envoie quelqu'un à la maison pour les chercher, s'enthousiasme Amel. Mais, bien sûr, ils sont libres de faire ce qu'ils veulent.»

Dans les rues, un militant arrête les voitures pour distribuer des tracts: «Une vie meilleure grâce au RCD». Un automobiliste le met dans la boîte à gants. «Tu veux vraiment des ennuis, Moustafa! lui crie sa femme. Et les enfants? Tu veux qu'on les renvoie de l'école?» Elle place le tract en vue comme tous les autres automobilistes. Dans les kiosques, le quotidien Renouveau s'exclame: «La Tunisie de Ben Ali continue une irrésistible ascension vers le progrès, la démocratie et le p