Manifestations exaspérées, violents affrontements avec la police,
réprobation internationale et menace de sanctions diplomatiques: le troisième mandat d'Alberto Fujimori, 61 ans, réélu dimanche président du Pérou, commence sous de sombres auspices. Sa victoire est d'autant moins inattendue que le «Chino» restait seul en lice, après le retrait du rival qui lui avait infligé un ballottage au premier tour en avril, l'économiste Alejandro Toledo. Mais personne ne parlera de triomphe: si le président candidat a obtenu 75% des votes validés, le pourcentage des suffrages annulés, barrés de la mention «non à la fraude», conformément à la consigne de Toledo, s'élève à 31,2%! Un taux auquel il convient d'ajouter les 16,7% de votes qui se sont portés sur le porte-drapeau de l'opposition malgré son retrait, ainsi que les bulletins «blancs» (1,3%) et une bonne partie des 18% d'abstentionnistes (qui paieront une amende de 33 dollars, car le vote est obligatoire au Pérou). Au total, Fujimori n'a recueilli que 50,8% des bulletins déposés dans les urnes, et sa légitimité en sort très amoindrie.
Des manifestations ont éclaté dans toutes les grandes villes. A Lima, des dizaines de milliers de personnes s'étaient regroupées dès dimanche matin sur la place San Martin, près du palais présidentiel. «Aujourd'hui commence le "troisième tour, sous la forme d'une résistance civile pacifique», a déclaré Toledo, 54 ans, qui a lancé un appel aux forces armées pour qu'elles abandonnent leur soutien au vainq