Kourtchaloï, envoyé spécial.
Rotors à ras des arbres, l'hélicoptère file plein gaz vers les montagnes. L'appareil vole bas, très bas. Dans les champs, sur son passage, l'herbe ondule en un sillage brillant. Des vaches s'égayent. Un paysan courroucé salue ce rodéo aérien d'un vigoureux bras d'honneur. Sacha, le mitrailleur, ne relève pas. Blasé, il sait qu'au sud de la Tchétchénie, bastion assiégé des indépendantistes, les soldats russes «ne sont pas les bienvenus». Sous la carlingue, les bourgs défilent, mutilés par les bombes. Maisons en ruines, fermes éventrées, tracteurs carbonisés, la vallée de l'Argoun n'est que désolation. Les villages ont payé cher leur résistance au rouleau compresseur dépêché par Moscou. Et malgré la brutalité de la répression, dans cette région rebelle, les embuscades restent fréquentes. Entre l'énorme base logistique de Khankala, aux portes de Grozny, et leur chapelet d'avant-postes verrouillant les piémonts, les forces fédérales ne se déplacent qu'en colonnes escortées de blindés. Ou par la voie des airs. «Toujours près du sol, précise Sacha, pour désorienter les missiles. A toute vitesse, pour éviter les balles.»
Professionnels. La prudence est de mise. Fort de son imposante puissance de feu, le corps expéditionnaire russe essaye de limiter, autant que faire ce peut, le combat rapproché. A l'évidence, les stratèges moscovites n'entendent pas répéter les erreurs inouïes de la première campagne tchétchène. Toute honte bue, les officiers d'état-majo