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Libération

Grozny a été pris"" mais pas soumis. Dans la capitale dévastée, les soldats russes ne sont pas acceptés.

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publié le 1er juin 2000 à 1h29

Grozny, envoyé spécial.

D'abord, il faut imaginer une ville, un espace connu, familier. Des rues et des quartiers. Dans le centre, des immeubles. Vers la périphérie, un agréable enchevêtrement de pavillons et de jardins. Une capitale provinciale, coquette, avec quelques prétentions modernistes. Eh bien de tout cela il ne reste rien! Ou si peu. Des coquilles vides. Carcasses de bâtiments consumés par le feu, criblés sur leur façade, brûlés à l'intérieur. Rangées de maisonnettes au toit soufflé. Portes, volets, fenêtres arrachés. Foyers détruits, pillés, violés, exposés aux regards. Des faubourgs entiers sans autre âme qui vive que cette silhouette courbée, au pas traînant, fouillant les ruines d'une longue tige en fer. Restent, pour seuls points de repère, des avenues défoncées, le tracé des ruelles, les carrefours arasés par la ferraille, invariablement dominés par un blockhaus massif, mausolée de béton troué de meurtrières. Ecrasée par les bombes, par des tonnes de bombes, Grozny n'a livré que son squelette à l'occupation du conquérant russe. Et encore ne s'y déplace-t-il qu'en blindé, cagoulé, avec la plus extrême circonspection.

Lourd quadrillage. «La situation est complexe, tendue», reconnaît le colonel Guennadi Alioukhine, officier chargé de l'information auprès du commandant en chef du Groupement Nord Caucase, le puissant corps expéditionnaire déployé en Tchétchénie, «avec le retour à Grozny de sa population, il est évident que certains terroristes en profitent pour s'