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Libération

Au sud du Liban, beaucoup de chrétiens ont fui leurs villages. «Le Hezbollah va nous massacrer».

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publié le 3 juin 2000 à 1h26

Sud du Liban, envoyé spécial.

Dans la petite église de Qlaiaa, au-dessus de l'autel, un saint Georges au corps blanc et musculeux terrasse un dragon noir. L'archange est le patron du village, et soeur Louise-Marie Hélou est formelle: c'est lui qui, pendant la terrible guerre civile libanaise (1975-1990), est intervenu pour sauver les habitants d'une faction palestinienne venue anéantir la commune. «En plein jour, il a fait tomber un brouillard blanc, très dense sur la plaine. Nos ennemis ne pouvaient plus rien voir. Ils ont dû rebrousser chemin. Aujourd'hui, je sais que saint Georges reviendra nous protéger si cela se passe mal», dit-elle. Car, pour la religieuse, comme pour nombre de chrétiens du Liban du Sud, le dragon noir est revenu. Cette fois, il a pris l'apparence du Hezbollah. C'est à cause de lui que Qlaiaa a perdu 70, voire 80% de ses 7 000 habitants.

Lorsque Israël a brutalement retiré la semaine dernière ses troupes du sud du Liban, sans même en avertir ses alliés ­ les quelque 2 800 miliciens de l'Armée du Liban-Sud (ALS) ­, la panique a soufflé comme un mauvais vent sur les villages chrétiens de la «zone de sécurité». Peur des représailles et hantise d'une guerre interconfessionnelle.

Dans le couvent. Dans le village de Debel, l'un des six villages chrétiens du district majoritairement chiite de Bent Jbail, soeur Elise, enseignante à l'école maronite, s'est précipitée avec d'autres religieuses dans son couvent. Ensuite, elle a fui à la frontière israélienne avant